Nous sommes à un moment de l'histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l'espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d'orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C'est un défi magnifique, mais redoutable.

Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose urgemment . Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l'idéologie néolibérale ne sait plus que s'autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse.

Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures.

Pour l'auteur de ces pages incisives et bien informées, on ne résoudra pas la crise écologique sans s'attaquer à la crise sociale concomitante. Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd'hui les riches qui menacent la planète.

Biographie
Hervé Kempf est journaliste au « Monde ». Il y couvre les questions d’écologie, avec un intérêt fort pour les enjeux de développement.

Il est né en 1957, a poursuivi à Paris des études d’histoire, d’économie et de sciences politiques. Son parcours professionnel a mêlé les questions scientifiques et écologiques. Il a créé le magazine « Reporterre » en 1989, puis travaillé pour la télévision (« Antenne 2 ») avant d’oeuvrer à « Courrier International », au magazine scientifique « La Recherche », puis, depuis 1998, au quotidien « Le Monde ».

Il a écrit plusieurs livres d’enquêtes et de reportages. « La Guerre secrète des OGM », qui est une histoire des biotechnologies agricoles, a connu un grand succès et est réédité cette année. « Comment les riches détruisent la planète », qui vient de paraître en France, suscite aussi un grand intérêt et a déjà connu deux réimpressions.

Résultats de l'évaluation de la conférence

Les riches au banc des accusés par Louis-Gilles Francoeur dans Le Devoir.
Édition du samedi 06 et du dimanche 07 janvier 2007

www.reporterre.net